À quelques heures du dernier débat télévisé entre les deux qualifiés de la primaire de gauche, essayons de faire le point sur le volet santé de leur programme.

Valls ou Hamon ? Hamon ou Valls ? Dimanche prochain, le 29 janvier, se tiendra le second tour de la primaire de gauche, à l'issue de laquelle l'emportera un des deux prétendants. Avant cela, il y aura, ce soir, l'ultime débat. À partir de 21 heures ce mercredi 25 janvier, Benoît Hamon et Manuel Valls ont rendez-vous sur TF1, France 2 et France Inter pour confronter une dernière fois leurs programmes respectifs avant le scrutin. Les deux finalistes de la primaire seront amenés à préciser leurs propositions en trois temps : d'abord sur le travail, ensuite sur l'environnement et la transition énergétique et enfin sur la sécurité, le terrorisme et l'international. Relativement peu abordée dans les rounds précédents le premier tour, la question de la santé ne fera pas plus, cette fois encore, l'objet de discussion. Dommage car les quelques propositions que l'un et l'autre formulent en la matière mériteraient des éclaircissements. De façon générale notons d'ailleurs que, ni chez l'un ni chez l'autre, l'optique à proprement parler n'est un sujet précisément abordé. Si François Fillon, vainqueur de la primaire de droite, s'est positionné sur la question des réseaux de soins et du remboursement différencié par exemple, ce n'est pas leur cas. Vu que tous deux ont appartenu au gouvernement ayant soutenu la loi Le Roux, on peut néanmoins penser qu'en la matière ils laisseraient les choses en l'état.

Priorité à celui qui est donné comme favori. Retenons que Benoît Hamon, arrivé en tête des suffrages dimanche dernier, approuve la généralisation du tiers-payant, qui entre en vigueur progressivement cette année. Autant qu'on puisse en juger par le contenu actuel de son programme, il semble vouloir remettre à plat les dispositifs existants d'accès aux complémentaires santé. Partisan d'une couverture santé pour tous, il défend l'idée d'un "droit à la santé universel" qui nécessiterait de revoir le financement public actuellement en place, de sorte à repositionner le rôle et les responsabilités respectifs de la Sécurité sociale et des complémentaires. S'agissant de la lutte contre les déserts médicaux, Benoît Hamon envisage "une mission nationale d'accès aux soins" qui s'adosserait aux agences régionales de santé (ARS). Peut-être sur le modèle des dispensaires d'antan, il plaide, toujours dans ce cadre de l'accès aux soins, pour la mise en place à grande échelle de "maisons de santé pluridisciplinaires". Encore sur ce sujet, il a aussi émis l'idée de ne pas accorder le conventionnement à des médecins qui s'installeraient dans des secteurs déjà largement pourvus en termes d'effectifs médicaux.

Manuel Valls, en position de challenger de Benoît Hamon, se dit favorable à la prise en charge intégrale "d'un ensemble de soins de ville", sans préciser toutefois à quels soins il pense exacement. L'optique médicale pourrait-elle entrer dans cet "ensemble" ? D'autre part, et plus clairement cette fois, il s'est prononcé sur la disparition pure et simple du secteur 2, dans le but de mettre fin aux dépassements d'honoraires. La perspective de revenir sur ce secteur aux tarifs dits libres fait déjà parler dans la communauté médicale, et chez les ophtalmos en tête qui sont, rappelons-le, majoritairement répertoriés en secteur 2. L'ex-Premier ministre propose également de supprimer le numerus clausus pour les études de médecine. Suppression qu'il justifie en arguant du contexte européen qui autorise le recrutement et l'installation de médecins généralistes et spécialistes formés hors de France. Dans cette optique, les ophtalmos pourraient raisonnablement espérer regonfler leurs effectifs qui peinent, depuis des années, à se renouveler.