Suggérée par la Cour des comptes dans son récent rapport, la prescription des équipements directement par les opticiens suscite l’opposition du Syndicat national des ophtalmologistes de France. Pour son président, le Dr Bour, cette mesure préconisée serait « en décalage avec la réalité du terrain ».

Au lendemain de la parution du rapport annuel de la Cour des comptes, le 5 octobre, il avait réagi à chaud sur RTL, faisant part, déjà, de son opposition. Le président du Syndicat national des ophtalmologistes de France persiste et signe aujourd’hui dans une prise de position plus officielle. Si le Dr Thierry Bour partage évidemment l’objectif de la Cour des comptes de voir les délais d’attente se réduire, il conteste en revanche les mesures préconisées par l’institution. Et c’est la possibilité pour les opticiens de prescrire des équipements en première intention qui cristallise avant tout son désaccord : « Les mesures que la Cour des comptes propose sont en total décalage avec la réalité du terrain. Elles ne sont pas à la hauteur des enjeux en matière de santé visuelle, car elles ne tiennent pas compte de la complexité du diagnostic médical et risquent de conduire à des retards de diagnostic. Les mesures prises ces dernières années en étroite concertation entre les pouvoirs publics, le SNOF et les organisations syndicales des opticiens et des orthoptistes sont en train de porter leurs fruits. Il serait très préjudiciable de casser cette dynamique », fait valoir le représentant des ophtalmos qui pointe avec insistance des « mesures incomplètes et inadaptées ». Selon le porte-voix du SNOF, il y a d’abord un problème de timing : les recommandations de la Cour « ne pourraient porter leurs fruits, dans le meilleur des cas, que dans 5 à 10 ans et dessineraient un parcours de soins illisible pour le patient avec trois professions prescriptrices (ophtalmologistes, orthoptistes et opticiens-lunetiers à bac +5) ». Ajoutant : « Et dans un parcours où trois professionnels interviendraient en autonomie, le patient risque de s’y perdre, avec aussi une inflation probable des coûts pour les organismes sociaux. » Devant ce qu’il estime être un possible risque de démédicalisation de l’accès aux soins visuels, Thierry Bour tient à souligner ce qui reste à ses yeux la priorité des priorités : « Ce rapport propose une médecine où le patient n’a plus accès directement au médecin. C’est très problématique car l’ophtalmologie est complexe et la prescription des lunettes n’en constitue qu’un des éléments : 36 % des patients venus consulter pour une ordonnance de lunettes repartent avec une ordonnance pour une autre pathologie ».

Pour recevoir les dernières infos, inscrivez-vous à notre newsletter