La révolution technologique rebat les cartes de l’économie, donne des ailes à des nouveaux entrants quel que soit le secteur, encourage des acteurs installés à se réinventer et/ou à étendre leur pouvoir d’attraction.

La révolution technologique rebat les cartes de l’économie, donne des ailes à des nouveaux entrants quel que soit le secteur, encourage des acteurs installés à se réinventer et/ou à étendre leur pouvoir d’attraction. Ainsi ces derniers jours, l’opérateur téléphonique Orange a secoué le landerneau bancaire français en annonçant le lancement de sa banque au premier semestre 2017. Avec 27 millions de clients dans le mobile, 49 millions dans le fixe, 10 millions dans le haut débit et une marque puissante connue dans de nombreux pays, Orange Bank est un nouvel entrant dont l’offensive dans le secteur bancaire ne va pas passer inaperçu. Un secteur déjà chatouillé par des fintechs en ordre de marche et par les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) qui entendent aussi devenir le point de contact financier principal de leurs millions de clients.
En écho à cette mutation et dans une moindre mesure, le secteur de l’optique s’est ému de l’arrivée de Carte Blanche Partenaires (22 organismes complémentaires d’assurance santé, plus de 141.000 professionnels de santé, 6,5 millions de bénéficiaires) chez les opticiens avec « 1796 », une marque de montures optiques fabriquée et distribuée par ses soins. Une intrusion dénoncée — en vain — par des centrales et des opticiens anti réseaux y voyant une ingérence inédite et anti concurrentielle. Cette extension de compétences et de territoires est pourtant dans le nouvel ordre monopolistique qui s’impose avec une course à l’innovation, à la performance et à des effets volumes pour « casser » les prix et « acheter » des parts de marché à l’échelle locale et mondiale.
Les organismes d’assurance complémentaire s’activent pour contrôler le marché de la santé avec des rapprochements et des concentrations qui vont s’accélérer. Et par ricochet accroître leur volonté de contenir l’élan libéral des professionnels de santé en créant des systèmes verrouillés où les consommateurs sont totalement téléguidés. L’expérience de Carte Blanche Partenaires, observé par l’ensemble de la filière, pourrait prendre d’autres tournures.
Imaginons — simple hypothèse ! — que le futur groupe MGEN-Istya-Harmonie avec ses 10 millions de bénéficiaires décide de monter d’un cran plus loin et rachète Sensee, Marc Simoncini trouverait là un partenaire de choix pour développer son réseau de magasins : le positionnement prix/produits est en phase avec l’équation économique des réseaux de soins. Sensee ayant la vocation sous-jacente à devenir une marque adaptée aux stratégies d’intégration verticale des complémentaires de santé, ou du moins pour certaines d’entre elles, elle dispose d’une offre calibrée à cet effet, avec un plus : une évidente notoriété médiatique due à son vibrionnant fondateur, « Don Quichotte acharné combattant les prix trop élevés des lunettes ».
Quelles que soient les stratégies avérées d’assureurs volontaristes, soyons certains que dans les prochains mois, la filière optique n’a pas fini de vivre des bouleversements.