Inquiètes et mécontentes au sortir de la nouvelle phase de discussion sur le reste-à-charge zéro, les organisations représentant les opticiens - auxquelles se joint le syndicat des fabricants - signent un communiqué commun. En attente d’un « débat constructif et contradictoire », elles demandent à rencontrer la ministre en urgence.

Non sans véhémence, la FNOF* la première a tiré publiquement le signal d’alarme il y a quelques jours. À sa voix se joignent aujourd’hui celles du ROF* et du GIFO*. Ressentie par Alain Gerbel, le président de la FNOF, comme « une douche froide », l’entame de la nouvelle phase de concertation sur le reste-à-charge zéro en optique suscite aussi l’inquiétude d’autres acteurs de la filière visuelle. « Cette rencontre du 9 mars a été une douche glacée », nous a confirmé ce matin André Balbi, le président du ROF, au téléphone. Ce jour-là, rappelons-le, les organisations professionnelles ont été reçues par la Direction de la Sécurité Sociale (DSS) dans le cadre de la future réforme du reste-à-charge zéro. Pour mémoire, c’est en effet la DSS qui pilote les négociations au nom du gouvernement, suivant le voeu du Président de la République de confier aux hautes administrations la charge des réformes à venir, tous domaines confondus. De l’avis de bien des participants, les premiers contacts entre DSS et syndicats ont été plutôt positifs, d’où la surprise de ces derniers aujourd’hui. « On ne peut pas changer les règles du jeu en cours de partie », explique André Balbi. D'abord, selon nos informations, le calendrier a été accéléré : cette réunion du 9 mars n’était pas initialement prévue, le cycle des négociations ouvert en janvier ne devant se poursuivre qu’en avril. Ensuite et surtout, « cette réunion devait permettre de découvrir ‘les réflexions et orientations’ de la DSS quant au RAC 0, nourries des propositions adressées par le ROF, la FNOF et le GIFO fin janvier. Elle s’est limitée à la présentation d’une révision de la nomenclature de la liste des produits et prestations (LPP) », regrettent les organisations dans leur communiqué conjoint. « Si la mise en place du RAC 0 pourrait nécessiter une réforme de la nomenclature, celle-ci ne pourra être travaillée qu’une fois les orientations de la DSS partagées. En outre, cette refonte de la nomenclature, qui impactera profondément la profession d’opticien-lunetier, nécessite d’être étudiée et discutée. Le délai de deux semaines laissé par la DSS n’est donc pas acceptable », font valoir les signataires du communiqué.

Pour bien comprendre l’enjeu des discussions, André Balbi avance une comparaison : « Pour construire une maison, il faut avoir le plan avant ». Sous-entendu : on ne peut pas avancer à l’aveugle, sans cadre précis. M. Balbi, de nouveau : « Ce délai qui nous est imposé n’est ni tenable ni convenable. Il faut se donner le temps d’échanges vraiment constructifs. Surtout, nous avons besoin de savoir où l’on va ». Une autre métaphore lui vient : « C’est un peu comme si on vous demandait de valider votre moyen de transport sans savoir pour quelle destination ». Si la DSS est la principale interlocutrice des organisations, celles-ci, pour l’heure, ont demandé à rencontrer la ministre de la Santé « afin d’appréhender clairement les tenants et aboutissants de cette réforme ainsi que les enjeux globaux pour la filière : en termes d’organisation, formation, qualité des soins, mais aussi d’évaluation de ses impacts sanitaires, sociaux et économiques ». Bref, les signataires du communiqué réclament ni plus ni moins que se tienne la concertation annoncée en janvier par le gouvernement. « Une vraie concertation, insiste M. Balbi, transparente et sur le principe du débat contradictoire ».

* Fédération nationale des opticiens de France (Fnof), Rassemblement des opticiens de France (Rof) et Groupement des industriels et fabricants en optique (Gifo).

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