Le syndicat des ophtalmologistes s’inquiète de la baisse annoncée de cotation de plusieurs actes d’ophtalmologie par l’Assurance Maladie. Cette décision aurait « des effets désastreux » sur la prise en charge de la santé des Français, anticipe le docteur Thierry Bour, président du SNOF.

Au nom du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) qu’il préside, le docteur Thierry Bour « désapprouve fermement » la volonté de l’Assurance Maladie de réviser à la baisse les cotations pour la technique d’imagerie du fond de l’œil appelée OCT et pour l’opération de la cataracte. Il craint des « des effets désastreux » sur la prise en charge de la santé des Français. « Au moment où les ophtalmologistes mettent en place une stratégie efficace pour préserver un parcours de soins sécurisé pour les patients et diminuer les délais de rendez-vous, la CNAMTS entreprend de réduire les cotations d’actes d’ophtalmologie essentiels dans le dépistage et le suivi de maladies potentiellement graves. La raison : réduire les dépenses de santé. Il s’agit tout bonnement d’une mesure dangereuse de la part des pouvoirs publics. La vue des Français n’est pas la variable d’ajustement pour combler le trou de la sécu ! », argumente le porte-voix des ophtalmos. Selon M. Bour, ces mesures voulues par l’Assurance Maladie reviendraient d’abord à « favoriser une médecine à deux vitesses ». Il explique : « Le secteur 1, déjà en lutte pour son maintien, serait le premier à être impacté, avec à la clé un risque de disparition de la chirurgie de la cataracte en  secteur sans dépassement d’honoraires ! Les patients seront alors contraints de se rabattre vers des praticiens exerçant en secteur 2, et subiront un reste-à-charge, objet d’une réforme en cours de discussion par les pouvoirs publics. Une incohérence, lorsque l’on sait que le gouvernement souhaite, officiellement, un meilleur accès aux soins et la diminution de ce reste-à-charge ».
Le fait que l’Assurance Maladie veuille supprimer l’association de l’intervention de la cataracte et de l’acte BELB001 (acte d’antibioprophylaxie) est « une décision dangereuse », avertit le docteur Bour : « Cette mesure est un non-sens médical et économique ! Cet acte est d’une grande efficacité avec un coût modéré. Le comble est qu’il fait même l’objet d’une recommandation officielle de l’ANSM, est reconnu à l’international et a été autorisé par la même CNAMTS en 2011 ! Grâce à cette mesure d’antibioprophylaxie, nous sauvons les yeux de 1 200 patients par an de graves complications infectieuses post-opératoires. » Et ce n’est pas tout, le représentant du SNOF avançant un dernier argument : « Enfin, cela contribuerait aussi à limiter l’investissement dans du matériel nécessaire. Rappelons qu’un appareil d’OCT de qualité revient à l’achat à 100 000 euros, sans compter les frais de maintenance qui s’élèvent à environ 15% par an. Cet appareil est devenu indispensable en matière de diagnostic et de suivi des patients, par exemple pour la DMLA, la rétinopathie diabétique et le glaucome où il a amplement prouvé son efficacité. Nous devons continuer à pouvoir disposer de ce matériel à la pointe de la technologie, au service de la santé visuelle des Français », explique l’intéressé. Et de conclure : « L’Assurance Maladie est dans une logique comptable, or la santé des Français ne se résume pas à des chiffres ! Nous devons bâtir un système de soins dans lequel tout le monde est gagnant : patients, médecins, assurance maladie. Ces mesures de réduction tarifaires unilatérales n’ont pas de sens. Il nous faut des actions pertinentes pour continuer à restructurer l’offre de soins et améliorer la prise en charge des patients ».

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