Ils se disent exaspérés par le traitement médiatique réservé à la profession. Regroupés sous l’étiquette informelle « Les opticiens d’en bas », plus de 1 000 d’entre eux ont rejoint le nouveau groupe Facebook baptisé « #justicepourlesopticiens ». Et assurent ne plus vouloir subir « le lynchage médiatique ».

Lynchage : le mot est très fort. C’est pourtant le ressenti de bien des opticiens qui se sentent régulièrement visés par les médias généralistes. Dernièrement, c’est un reportage de France 2, jugé à charge, qui a fait déborder le vase . « Cela fait des années qu’on nous fait passer pour ce que nous ne sommes pas, ce qui est inacceptable », résume, très remonté, Florent Robaut, opticien basé dans l’Eure et joint par téléphone hier matin : « Nous sommes là pour exprimer notre ras-le-bol et, surtout, faire évoluer le regard sur notre profession . Là ? Sur Facebook à travers le groupe de discussions « #justicepourlesopticiens ». Il y a un mois jour pour jour, Florent Robaut et son confrère de Valenciennes Laurent Suin ont en effet lancé cette page pour cristalliser le mécontentement des opticiens. En l'espace d'un mois seulement, près de 1 100 d’entre eux se sont inscrits à ce groupe sur le réseau social, un chiffre qui augmente chaque jour un peu plus. Quel que soit leur statut (indépendants, franchisés, mutualistes, etc.), tous se disent bien décidés à défendre leur métier : « Nous aimons notre diplôme, notre métier, et nous voulons continuer à pouvoir l’exercer sans en avoir honte », peut-on lire dans leur déclaration d’intention sur Facebook. Parti de la base - d’où l’étiquette « Les Opticiens d’en bas » qu’ils revendiquent -, ce mouvement n’entend pas se contenter de « pousser une gueulante » comme dit Florent Robaut : « Le traitement médiatique actuel n’est plus supportable, alors nous avons décidé de réagir, de passer concrètement à l’action ». Comment ? En contestant factuellement ce que peuvent avancer certains médias quand ils sont dans l'erreur. Le but est de les sensibiliser, de mener une pédagogie de fond, éléments précis et objectifs à l’appui. C’est ainsi que plusieurs documents sont d’ores et déjà à disposition des médias qui « rétablissent la vérité sur notre métier et plus généralement sur notre marché (réseaux, mutuelles, données de santé, etc.) et exposent les problématiques et enjeux en cours (l'accès aux soins, les nouveaux entrants, etc.) », explique l’opticien normand : « Il s’agit de nourrir le regard critique des journalistes et de leur donner matière à réfléchir objectivement ». À terme, cet effort d’information sera-t-il payant? Trop tôt pour le dire, évidemment, même si la mobilisation a déjà enregistré une première victoire. Il y a quelques semaines, à la suite d’un article jugé « très orienté » de La Voix du Nord, les « Opticiens d’en bas » ont obtenu un rectificatif à travers une sorte de tribune libre. Reste à savoir si les grands médias généralistes et nationaux seront, eux, capables de se remettre en cause et d’écarter la tentation parfois un peu racoleuse de l’effet de manche…

En parallèle de ce travail de fond, l’action des « Opticiens d’en bas » comportera bientôt un volet plus politique. En vue d’interpeller également les décideurs politiques, à l’échelon local et même national en s’adressant aux ministères concernés par le secteur, ils finalisent en ce moment même une sorte de dossier de synthèse comportant des éléments qu’ils veulent objectifs sur la situation de l’optique en France. « Si le mouvement est né d’une overdose et d’une certaine virulence dans le mécontentement, notre démarche se veut constructive et documentée », insiste M. Robaut. Pour concrétiser un peu plus encore ce ras-le-bol, les deux administrateurs du groupe Facebook proposent aussi un sticker à placer en vitrine. « Stop au lynchage médiatique ! », est-il écrit sur ce macaron (photo). Bien visible sur la devanture du magasin, il permet d’engager la discussion avec les clients qui, « à force de reportages accablants pour la profession, peuvent être négativement influencés ». Florent Robaut reconnaît ne pas savoir combien d’opticiens ont, à cette heure, affiché ce sticker : « J’espère qu’ils seront nombreux mais l’essentiel est surtout qu’un échange s’engage au quotidien, et durablement, avec des porteurs qui sont parfois dans le flou. C’est à nous de leur ouvrir les yeux sur la réalité de notre métier d'opticien de santé ».

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