Le ROF, l'UDO et le SNOR jugent problématique le questionnaire qu'Itelis a récemment adressé aux opticiens membres de son réseau. En n'associant pas les organisations représentatives de la profession à ses réflexions sur l'avenir des réseaux de soins, la plateforme dépasse-t-elle ses prérogatives ?

C'est un questionnaire d'une quinzaine de pages qui pose question. Du moins est-ce le sentiment partagé par le Rassemblement des Opticiens de France (ROF), l’Union des Opticiens (UDO) et le Syndicat National des Opticiens Réunis (SNOR) à propos de la consultation récemment engagée par la plateforme Itelis auprès des opticiens qui font partie de son réseau. Les trois organisations ne remettent pas en cause la partie de ce questionnaire qui porte sur le degré de satisfaction des opticiens vis-à-vis du réseau Itelis et ses possibles évolutions. Ce qui les chiffonne en revanche, c'est quand le questionnaire fait mine d'aborder les problématiques ayant trait à l’organisation de la filière visuelle ainsi qu’aux conditions d’exercice de la profession d’opticien. "Cela ne relève pas des missions d'un réseau de soins", nous explique Nicolas Raynal. Joint par téléphone la semaine dernière, le délégué général du ROF estime que c'est une question de méthode et de principe : "La consultation engagée par Itelis nous pose problème sur le fond et sur la forme. Nous ne contestons pas la démarche, mais les modalités retenues pour la conduire et le contenu du questionnaire".

Le fait que seuls les opticiens actuellement partenaires d’Itelis soient interrogés alors qu'une partie du "questionnaire porte sur l’avenir de la profession dans son ensemble" contrarie visiblement les membres du ROF, de l'UDO et du SNOR. Plus encore, ils s’étonnent, "pour les mêmes raisons, qu’Itelis n’ait pas non plus jugé nécessaire initialement d’interroger les organisations représentatives de la profession". C'est surtout là semble-t-il que le bât blesse : "S'immiscer de la sorte dans les débats sur l'avenir de la filière pose vraiment question", souligne M. Raynal. À tort ou à raison, l'initiative prise par Itelis fait de toute évidence craindre une tentative, ou une tentation, de la part des plateformes en général de s'ingérer outre-mesure dans le quotidien de l'opticien. C'est en tout cas ce que laissent entendre André Balbi, Catherine de la Boulaye et Olivier Padieu, respectivement à la tête du ROF, de l’UDO et du SNOR, dans un communiqué commun : "Les questions posées sont de nature à soulever quelques inquiétudes quant aux rôles qu’imagine pouvoir jouer ce réseau dans les années à venir : intervention dans les relations entre l’opticien et ses fournisseurs, dans la formation et l’animation des équipes en magasin, dans la stratégie marketing des magasins, dans les actions de prévention qui pourraient être développées en dehors du point de vente…". Autrement dit, l'association (ROF) et les deux syndicats (UDO, SNOR) refusent tout ce qui pourrait s'apparenter à de l'ingérence, même si le mot n'est pas prononcé. "Tout projet visant à faire évoluer le métier, comme par exemple la prévention en entreprise, nous semble nécessiter des échanges avec les organisations représentatives de la profession d’opticien, mais également avec celles des autres professionnels de la santé visuelle…", insistent encore les organisations qui n'ont clairement pas l'intention d'être court-circuitées et entendent rappeler à cette occasion leur rôle d'interlocutrices.

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