En exclusivité pour Fréquence Optic, Laurent Lévy, président d'Optical Center, revient sur l'affaire qui l'oppose à Optic 2000 et Frères Lissac.

Dans le contentieux qui vous oppose depuis 2007 à Optic 2000 et Frères Lissac à propos de surfacturations, vous avez gagné. La décision du Tribunal de Commerce de Paris impose à vos concurrents de vous verser des dommages et intérêts de près de 30 millions d'euros. Cela paraît être un montant énorme si on le rapporte aux douze cas d'optimisations de factures constatés…

Laurent Lévy : Ce montant n'est pas disproportionné. Et pour cause : il ne concerne pas seulement la douzaine de cas dont la presse a parlé. Pendant sept ans, depuis 2007, début de la procédure, jusqu'à 2014, et comme le droit nous y autorise, nous avons continué à verser des pièces au dossier qui nous permettent de dire que la fraude chez nos concurrents se monte à 3 000 euros par magasin et par an. Rapporté à l'ensemble des points de vente du groupe Optic 2000, cela donne cette amende globale approchant les 30 millions.

La direction d'Optic 2000 estime que cette décision est "grotesque" et "aberrante". Elle la conteste et a donc décidé de faire appel… Redoutez-vous un retournement de situation ?

Laurent Lévy : Non. C'est le droit de nos concurrents de se défendre ainsi. Par le passé, d'autres (le réseau Alain Afflelou, NLDR) ont choisi de faire appel et ont été déboutés. Les constatations sont ce qu'elles sont et nous sommes très confiants. J'insiste : il y a des faits, la justice tranchera. Dans l'immédiat, nous allons utiliser tous les moyens juridiques possibles pour contester les procédures de sauvegarde déclenchées par Optic 2000 et Frères Lissac. Au regard des ressources financières qui sont les leurs, déclencher un plan de sauvegarde ne se justifie pas, selon nous. On a le sentiment qu'en se plaçant dans le cadre d'une telle procédure (qui retarde le versement en bloc de l'amende, NDLR), le groupe Gadol/Optic 2000 ne veut pas, en quelque sorte, se soumettre à la loi.

Quoi qu'il se passe entre Optical Center et les enseignes du groupe Optic 2000, ne craignez-vous pas que l'écho médiatique de cette affaire ternisse encore plus l'image des opticiens, déjà régulièrement mis en cause ?

Laurent Lévy : Ce que nous voulons, c'est éradiquer la fraude. Ni plus ni moins. Je ne sais pas si cela va davantage entacher la profession mais il est temps que toute la profession se rende compte de la gravité des faits liés à la surfacturation. Si cette affaire peut conduire a plus d'exemplarité de tous, tant mieux.

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